Quand on photographie un tableau, on reproduit ce qu’il a de photogénique.
Ce qui n’est pas photogénique, c’est la peinture…
Walter Swennen (¹)
J’éprouve bien cela quand je photographie une de mes sculptures terminées. Même placée successivement sur un banc photo, avec le même carton placé en fond infini, saisie sous différents angles, arrivé le moment de choisir, certaines photos apparaissent plus « médiagéniques » que d’autres. Celles-là sont généralement conservées pour « représenter » la sculpture, mais elles ne rendent compte que de l’aspect jugé le plus présentable, dans cette lumière-là, lumière qui n’était pas celle de l’atelier au moment de la créer, lumière qui ne sera pas celle de chaque endroit où elle sera perçue à l’avenir. De sorte que pour recevoir pleinement la réalité d’une sculpture, il faut aller la voir, ne pas se contenter de l’aide mémoire biaisant de la photographie, toujours acoquinée avec l’esthétique.
Mais là encore, chaque lieu, chaque instant, tous les éléments qui constituent l’environnement de la sculpture modifient à leur tour la réalité du créé. Tantôt l’aspect de la sculpture sera en souffrance par la trop grande rivalité ou proximité avec d’autres œuvres, tantôt « rendue meilleure » par le contexte.
Et la « capture médiatique » et le lieu de présentation d’une œuvre expriment une autre réalité.
José Strée, le 5 février 2021
(¹) Walter Swennen, in Conversation with Isabelle Wéry, vidéo tournée à l’occasion de son exposition à la galerie Hufkens à Bruxelles du 27 janvier au 27 février 2021.
https://www.xavierhufkens.com/exhibitions/2021-01-walter-swennen/video