Raku

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Le raku est un mode de fabrication japonais du 16e siècle de pièces en poterie destinées à la cérémonie du thé.

Cuisson au four à gaz

Cuisson au four à gaz

Pour ma part, la cuisson consiste à imiter ces effets d’enfumage donnant un résultat noir mat en cuisant ou en recuisant des pièces modelées en terre chamottée.  La température est poussée à 1000° très exactement, en une heure de temps dans un four alimenté au gaz. Cette température est choisie par les céramistes comme valeur constante, leur permettant conformément à leurs échantillons de cuissons de tessons couverts de divers émaux de reproduire approximativement la même résultante colorée. Il faut savoir que, par exemple, une couche au pinceau ou deux sur un même échantillon de terre donne des résultats divers. De même, une couche ou deux d’émail vaporisé font varier le résultat.

Le plus souvent, les céramistes qui confectionnent des objets créent des recouvrements d’émaux qui vont se craqueler, de sorte qu’à l’endroit où l’émail s’est fissuré, le noir de fumée y pénètre, créant un aspect caractéristique proche des rakus japonais.

Sortie d'une sculpture du four à gaz

Sortie d’une sculpture du four à gaz

Incandescentes, les œuvres sont extraites du four à l’aide de longues pinces, et déposées sur un lit de sciure de bois non résineux. Saupoudrées de sciure et enfermées dans un coffre hermétique en métal durant une quinzaine de minutes il se produit une réaction d’oxydo-réduction. L’enfumage pénètre les couches extérieures des œuvres, à tous les endroits où l’on n’a pas déposé d’émail liquide sur les œuvres.

Celles-ci sont nettoyées ensuite dans une bassine d’eau.

En ce qui me concerne, je n’applique le jus d’émail que par propulsion ou par aspersion spontanée. J’estime que la sculpture ne réclame pas la peinture. Je me range à l’avis péremptoire de Richard Serra qui proclamait « Appliquer de la peinture sur une sculpture m’est suspect. À mon avis, très peu de sculpteurs utilisent la couleur d’une façon intelligente. »

Dépôt d'une sculpture dans de la sciure

Dépôt d’une sculpture dans de la sciure

Je m’efforce donc de conférer un contexte chromatique sans recourir à la composition picturale, qui relève selon moi d’un processus tout différent. Il m’est précieux que mes sculptures ne dépendent pas de l’intelligence (d’un projet, d’un dessin, d’une fonction), elles doivent s’imposer à ma pensée, de sorte que ce serait aller à contresens si j’appliquais une décoration préméditée sur celles-ci, je les ferais entrer dans le registre de l’objet, ce qui est, je dois l’avouer, ma plus grande méfiance.

J. Strée
Le 13 février 2013

Remerciements « chaleureux »
à Martine Maréchal qui m’a initié au raku
et chez qui
cette cuisson a eu lieu.

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J. Strée, Séraphita, 2010

J. Strée, Séraphita, 2010

J. Strée, Un Mal qui ronge, 2010

J. Strée, Un Mal qui ronge, 2010

J. Strée, Tête d'expression IV, 2009

J. Strée, Tête d’expression IV, 2009