Au départ d’un beige vierge, ou du blanc d’un papier d’industrie, établir avec l’intangible Présence, un dialogue fait de gestes, de couleurs, de surfaces et de lignes attirant ceux-là qui, de toutes les routes, choisissent celles dont le terme demeure inconnu.
Au travers d’un parcours incertain, où les balises référentielles sont les indices d’une géométrie trop connue, il s’agit pour le peintre d’accomplir une migration dont il sait d’avance que le lieu terminal n’est celui d’aucune fixation. Jalonnée de signes et baignée d’atmosphères que l’on pense reconnaître, la surface peinte est d’abord le terrain d’un combat, tout intérieur : une bataille où apparaissent puis disparaissent les éléments d’une expression jamais achevée. Pourtant, à un moment, le tumulte se fait correspondance. En ce lieu d’artifice, un accord est trouvé, qui exhorte l’artiste à entonner une nouvelle ode, faite selon lui de clarté.
Peindre pour vivre, en parallèle à la vie, un état d’être où la concorde supplée aux tensions, où l’harmonie convertit en beauté tout ce qui jusque-là était réduit à n’être que pari. Peindre jusqu’à ce que l’acte lui-même ne soit plus nécessaire, car il existe un lieu de convergence où l’art et la vie ne forment qu’un seul axe. Sans doute est-ce là que l’art disparaît, que l’artiste atteint vraiment sa dimension d’homme, sa vocation de Créateur.
La peinture de Leonardo Galliano est sous-tendue par ce dialogue intime, où son moi muet, étranger ou absent quelquefois cherche dans l’ardeur de l’art la justesse des accords qui doivent le conduire au comble de la joie d’être.
Méditant dans la Rome turbulente des temps actuels, cent lieues sous les hauteurs de la vanité, l’artiste voit dans la pratique quotidienne de son métier l’occasion sans cesse renouvelée de s’absorber en une quête dont le fruit est l’expression de la couleur.
José Strée
1991
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