On trouvera ci-dessous d’autres prises de vues des sculptures récemment créées et présentées dans l’onglet « Sculptures récentes ».
Sculptures cuites antérieures à 2023
2020-2021
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Été 2019
Les plantes communiquent, elles manifestent même une véritable intelligence. Elles perçoivent la lumière et sa couleur ; elles réagissent à la gravité ; elles répondent au stimulus d’un contact mécanique avec des influx nerveux assimilables à ceux des animaux ; elles manifestent une capacité à compter au moins jusqu’à deux ; elles émettent des bruits ; elles mesurent les distances ; elles savent distinguer qui leur veut du bien, qui du mal ; elles disposent de capacités à échanger leurs gènes ; elles réagissent aux marées et aux lunaisons.
Michel Onfray, Cosmos, p. 340
Nous descendons des algues dont descendra le singe duquel descendra l’homme. Ces longues et lentes métamorphoses constituent de prodigieuses variations sur le thème de la volonté de puissance qui s’organise. Elles illustrent ce que Bergson nomme fort justement l’évolution créatrice. Le trajet de cette évolution présume les plantes à la charnière du vivant.
Michel Onfray, Cosmos, p. 145
Lorsqu’il s’était rendu dans la Creuse pour l’enterrement de sa grand-mère, il s’était rendu compte que la densité atmosphérique d’information diminuait nettement à mesure que l’on s’éloignait et de la capitale ; et que plus généralement les choses humaines perdaient de leur importance, peu à peu tout disparaissait, hormis les plantes.
Michel Houellebecq, La Carte et le territoire, p. 143
Les cils de la cellule de base végétale et ceux du spermatozoïde montrent que l’homme vient de la plante avant de descendre du singe, car le mammifère dit supérieur provient du mammifère dit inférieur qui, lui-même, descend jusqu’à cette cellule verte capable de photosynthèse.
Michel Onfray, Cosmos, p. 148
Printemps 2019
De la vanité des artistes. — Je crois que les artistes ignorent souvent ce qu’ils savent le mieux faire parce qu’ils sont trop vaniteux et qu’ils dirigent leur esprit vers un plus grand sujet de fierté que de paraître ces petites plantes qui, nouvelles, rares et belles, savent pousser avec une véritable perfection sur leur sol. […]
Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir, p. 137
Automne 2018
Chez les cellules végétales, on trouve une organelle colorée appelée « chloroplaste », qui est responsable de la photosynthèse. Les plantes absorbent par leurs racines l’eau du sol, et par leurs feuilles le gaz carbonique de l’air. Les deux substances pénètrent la membrane cellulaire, se rejoignent dans les chloroplastes. Avec l’aide de la lumière du soleil, elles se combinent pour former des sucres. Cette opération s’appelle photosynthèse. Ces sucres sont ensuite stockés sous forme d’amidon. Plus tard, ils serviront de nourriture aux animaux. Il y a un « déchet » de la photosynthèse, c’est l’oxygène. Évacué par la plante, ce gaz gagne l’atmosphère. Les plantes seules sont responsables de la présence d’oxygène libre dans notre atmosphère. Aucune planète du système solaire n’en possède.
Hubert Reeves, Patience dans l’azur, p. 158
Eté 2018
« Il y a quelque chose de sacré dans tout être qui ne sait pas qu’il existe, dans toute forme de vie indemne de conscience. Celui qui n’a jamais envié le végétal est passé à côté du drame humain. »
Cioran, La Chute dans le temps, p. 188
Le couple d’adolescents réalisé en avril 2015 a trouvé son inspiration au musée de la villa Giulia à Rome, face à un vase évoquant le corps d’un éphèbe datant d’une période située entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C. L’éphèbe était dans la société grecque un garçon ayant quitté l’autorité des femmes, il m’a plu de lui restituer son alter ego féminin.
« Je ne suis pas persuadé que l’art ait sa fin et son essence en lui-même. Pour le dire autrement : les oeuvres qui produisent un grand effet, les oeuvres vraiment grandes, sont celles qui vous donnent le sentiment de venir d’ailleurs et de ne pas être tournées vers nous. » Philippe Lacoue-Labarthe in Écrits sur l’art, Mamco 2014, p. 160.
« Je pense que ce qui me plaît dans les oeuvres archaïques, dont je m’inspire, plus que leurs formes, c’est leur ingénuité, leur absence de tradition. » J. Strée, 2013
« C’est en créant un autre monde, pour son propre usage, que l’artiste concrétise ce pour quoi il est né. » J. Strée, 2013
« Si mes sculptures n’ont pas de fonction recherchée, il se peut qu’elles deviennent des supports à la contemplation, au recueillement, des fragments d’une réalité agissante. Ce qui m’importe ce n’est pas ce que mes sculptures donnent à voir, c’est ce qu’elles valent comme apparence de l’invisible. » J. Strée
« Le but ultime de l’art est la présentation du suprasensible. » J. Beuys.
« Faire de l’art, c’est toujours incarner de l’esprit dans de la matière. »
Thierry de Duve in Faire école (ou la refaire?), Nouvelle édition revue et augmentée, Les Presses du réel, p. 198.
« Mes sculptures sont bien évidemment figées, comme des momies, mais elles sont des réceptacles de forces agissantes. Ces forces sont des énergies vitales. Il ne peut selon moi en être autrement, car l’état d’esprit qui m’anime quand je sculpte est toujours tourné vers la concorde universelle. » J. Strée
« Mes sculptures ne servent aucune fonction, elles ne sont pas des objets. Si elles finissent par constituer un élément d’un décor, c’est contre mon gré. » J. Strée.
« Pour jouer son rôle de filtre, l’œuvre d’art se doit de n’être pas achevée. Lorsqu’une œuvre d’art photoréaliste nous fait face, elle ne constitue pas un écran, mais plutôt un miroir. La réalité s’y donne sans retenue, avec, dirais-je, une certaine vulgarité. Plus le temps qui s’écoule est grand, entre le premier contact avec une œuvre et le moment où nous projetons une hypothèse quant à ce qu’elle nous donne à voir, plus l’œuvre a des chances de nous piéger, de nous ravir. Cela ne veut pas dire que pour nous plaire, l’œuvre doit être abstraite, mais elle doit susciter notre participation, notre intervention de spectateur. »
J. Strée in « Le Voile » (extrait).
« Ce que je fais n’est pas une communication. Il ne s’adresse pas aux hommes et, de toute manière, je ne les entends pas lorsqu’ils regardent ce que je fais, car il n’y a de communication que lorsqu’il y a un échange, une écoute mutuelle. Il n’y a pas d’écoute au moment de regarder une oeuvre d’art, il y a uniquement l’oeuvre que nous regardons et nous-mêmes. L’oeuvre ne nous regarde pas, elle regarde l’Ailleurs. Je ne conçois même pas que l’on puisse regarder véritablement quoi que ce soit du domaine de l’art auquel j’aspire, en compagnie d’un tiers. » J. Strée
« Les oeuvres d’un artiste ne répondent pas à ce qu’il est, mais à ce qu’il aspire à être, à ce qu’il désire devenir. À une projection imaginaire de son être. » J. Strée
« Même si un art pur est impossible, il ne fait aucun doute qu’il n’y a place pour une tendance à la purification de l’art. Cette tendance conduira à une élimination progressive des éléments humains, trop humains, qui dominaient dans la production romantique et naturaliste. Et au cours de ce processus, on arrivera à un stade où le contenu humain de l’œuvre sera si maigre qu’on ne le verra presque plus. Nous aurons alors un objet qui ne pourra être perçu que par celui qui possède de don singulier de la sensibilité artistique. Ce sera un art pour artistes, non pour la masse des hommes ; ce sera un art de caste, non un art démotique.
Voilà pourquoi le nouvel art divise le public en deux classes d’individus : ceux qui le comprennent et ceux qui ne le comprennent pas ; c’est-à-dire les artistes et ceux qui ne le sont pas. Le nouvel art est un art artistique. »
José Ortega y Gasset, La Déshumanisation de l’art, 1924.
« Quand j’ai dit que le nouvel art est un art pour artistes, j’entendais par « artistes » non seulement ceux qui produisent cet art, mais aussi ceux qui ont la capacité de percevoir des valeurs purement artistiques. »
José Ortega y Gasset, La Déshumanisation de l’art, 1924.
« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » Robert Filliou
« La métaphore est probablement la puissance la plus fertile que possède l’homme. Son efficience arrive à toucher les confins de la thaumaturgie et ressemble à un travail de création que Dieu oublia à l’intérieur de l’une de ses créatures à l’époque où il lui donna forme, comme le chirurgien distrait laisse un instrument dans le ventre du patient.
Toutes les autres puissances nous maintiennent ancrés dans le réel, dans ce qui est déjà. Nous pouvons tout au plus additionner ou soustraire les choses entre elles. Seule la métaphore rend l’évasion possible et crée entre les choses réelles des récifs imaginaires, floraison d’îles en apesanteur. » José Ortega y Gasset, La Déshumanisation de l’art, 1924.
« Je pense que ce que je fais est spirituel, il peut être apprécié par celles et ceux qui possèdent une information suffisante pour atteindre au spirituel, qui est désormais étranger à toute religion, à toute gouvernance. » J. Strée
« Si le nouvel art n’est pas intelligible à tout le monde, cela signifie que ses ressorts ne sont pas ceux du genre humain. Ce n’est pas un art pour les hommes en général, mais pour une classe très particulière d’hommes qui, même s’ils ne valent pas plus que les autres, sont de toute évidence différents. » José Ortega y Gasset, La Déshumanisation de l’art, 1924.
« Cette sculpture a été réalisée après “Personne énigmatique assise”. (Voir ci-après). J’avais trouvé intérêt dans cette forme récurrente abstraite. L’idée m’est venue de reprendre cette forme pour commencer à créer un univers étrange, comme une famille de figures en diverses positions. » J. Strée
« Selon moi, pour être une sculpture plus qu’un objet, une réalisation d’art ne devrait pas être circonscrite avec précision, sans intention décorative, car alors elle aurait une fonction précise. Elle devrait pouvoir conserver son caractère quel que soit l’environnement dans lequel on la place, car si on veut qu’elle n’ait aucun rapport avec la notion d’objet, il faudrait qu’elle soit indifférente à l’environnement dans lequel on la place. Je veux dire par là que la sculpture, si elle n’avait rien à voir avec l’objet, elle ne nécessiterait pas d’être conçue en fonction d’un lieu déterminé. » J. Strée
« Un objet a toujours un rapport étroit avec l’espace en trois dimensions qui l’entoure, qui le pénètre même. C’est le cas de toutes les sculptures. Là où la différence se marque entre un objet et une sculpture, c’est sur la question de la fonction. Un objet a toujours un usage précis. Une sculpture peut ne pas en avoir un. On ne peut placer une étiquette verbale sur une sculpture qui s’écarte diamétralement de l’objet. On ne peut définir avec concision une telle sculpture. »
J. Strée in « Journal artistique », 2009.
« Dans mes travaux, ce qui compte pour moi c’est ce que le spectateur ne perçoit pas directement, mais à quoi il contribue. C’est en quelque sorte une esthétique du manque. Ce qui n’est pas montré a autant d’importance que le reste. » J. Strée
« Ce monde où l’on vit nous écrase. Il est toujours régi par les mêmes lois. Il faut créer des images qui ne lui appartiennent pas. Qui soient totalement différentes de celles qu’il nous propose. »
Bram Van Velde in Rencontre avec Bram Van Velde, Charles Juliet, P.O.L. éditeur, 1998.
« En nous privant de netteté, de certitude, l’art favorise notre acte contemplatif. N’est-ce pas face au mystère, à l’incomplétude, à l’inachevé… que l’on médite et contemple le mieux ? N’est-ce pas face à l’invraisemblance qu’on se met en recherche ? La vraisemblance n’intéresse pas le scientifique. Pourquoi intéresserait-elle l’artiste ? Et a fortiori, pourquoi satisferait-elle l’amateur d’art ? » J. Strée