Le site
Le site d’Insel Hombroich situé non loin de Neuss et de Düsseldorf en Allemagne fédérale est un exemple unique de conversion d’un site anciennement industrialisé et pollué en un site dédié à la nature, l’art, la spiritualité et la science.
Composé de 9 pavillons à visiter disséminés sur plusieurs hectares de terrains assainis en pleine nature, et de 7 autres bâtiments voués à la pédagogie, l’hébergement, la création… le site étonne par son concept.
Ouvert au public depuis 1996, il est aujourd’hui un lieu de rendez-vous très prisé pour les amateurs d’art, les scientifiques, les architectes, les amoureux de la nature.
Des étangs, des prairies, des plantations, des jardins jalonnent la promenade longue d’environ quatre kilomètres que les promeneurs choisissent de visiter dans le sens qui leur plaît.
Ni fléchages sur le site, ni cartels sous les œuvres de la collection dans les pavillons consacrés à l’art ne viennent en aide aux visiteurs.
La visite de ce lieu implique que l’on prenne plaisir à s’y perdre, comme pour mieux se trouver et se retrouver.
L’architecture
Au lieu de confier la construction des bâtiments à un architecte, on a demandé à un sculpteur allemand de style « art construit » Erwin Heerich, de concevoir les pavillons comme il le fait pour ses sculptures de petits formats, que l’on peut d’ailleurs apprécier dans les pavillons n° 5 et 14.
Chaque pavillon est dépourvu de fenêtres, la lumière provient quasi invariablement des toitures transparentes.
Seules 2 à 4 portes permettent les accès.
Les murs extérieurs sont faits avec les briques des anciennes usines démolies sur le site ; à l’intérieur, les murs sont invariablement blancs, ainsi que les sols.
L’artiste a joué avec un large répertoire géométrique pour concevoir ces espaces voués à l’art : cubes, parallélépipèdes rectangles, cylindres, angles aigus, angles obtus…
La collection
Les œuvres appartiennent au collectionneur et mécène Karl Heinrich Müller.
La tendance générale de la collection est concentrée sur des œuvres au caractère spirituel, aussi bien issues de notre culture occidentale qu’en provenance d’Afrique, d’Océanie, des Amériques, de l’Orient…
Ce qui surprend, c’est que tout y est mêlé ; l’absence de toute chronologie, de toute classification, de tout étiquetage fait la caractéristique majeure de cette collection.
Parmi les noms d’artistes les plus anciens et les plus représentés, on peut citer Rembrandt, Corinth, Cézanne, Arp, Rosso.
Un pavillon est uniquement dédié aux dessins et aux estampes, il est d’ailleurs moins éclairé que les autres pour la conservation de ces supports fragiles.
En divers pavillons, le visiteur est confronté à des œuvres venues du Cambodge, à du mobilier et des encriers chinois des époques Han-Tang et Ming…
On peut apprécier de l’art portatif des steppes, des tapisseries du Mexique, du Pérou, à des stèles, des tambours en bois d’Afrique, des céramiques de la culture Djenné du Mali…
Partout, ces formes d’art et de cultures sont en relation avec des œuvres de l’art moderne telles des œuvres surréalistes de Arp, Picabia, dadaïstes de Schwitters, informelles de Fautrier et de Graubner.
Des mobiliers du mouvement d’art De Stijl, des Nouveaux réalistes tels que Yves Klein, des sculptures de l’art abstrait de Calder et de Chillida côtoient des œuvres plus récentes de Heerich et de Tadeusz.
Une autre particularité de la collection, c’est la présence sur le site de l’atelier de l’artiste actuel Anatol Herzfeld, celui-ci, avec qui l’on peut bavarder aisément, est un héritier de la mouvance Fluxus qui privilégie les interventions d’ordre social par le biais des arts.
Sur le site, à l’extérieur, on peut voir un grand nombre d’œuvres d’Anatol, ce sont des mégalithes, des séries de trônes autour d’un chêne, des arbres protégés par des plaques de métal, des robots géants.
Ces œuvres se partagent le site extérieur avec Calder et Heerich.
Un haut lieu donc pour découvrir la nature et l’art, invitant à la méditation, à la découverte.
José Strée
Liens :
http://www.caclb.be/hombroich.asp